Imaginez-vous, franchissant la porte de l’académie de musique de votre commune, pour suivre votre première leçon de violon. Y entrez-vous pour devenir professeur ? Ou même, après un an de cours au sein de cette académie, vous imaginez-vous demander à votre professeur : « Que dois-je faire maintenant pour devenir professeur de violon ? »
Cela vous paraît absurde ? Naïf ? Risible, voire idiot ?
C’est pourtant une question que nous entendons très souvent, de la part de personnes n’ayant jamais médité de leur vie.
En général, des personnes pleines de bonne volonté, pratiquant ou étudiant déjà une autre discipline ou métier dans le domaine de la santé … et désirant ajouter « une corde à leur arc» qui posent la question avant même de s’inscrire à un cycle d’initiation ! !
Or, il faut bien comprendre qu’être psychologue ou kiné, médecin ou infirmier(e), philosophe ou prof de français, ne vous aidera pas particulièrement dans le cadre de l’apprentissage de la méditation de pleine conscience.
De la même manière, qu'en musique, être professeur ou professionnel de quelque chose d’autre – même de flûte traversière ou de clarinette - ne vous aidera pas beaucoup pour apprendre à jouer du violon, ni a fortiori pour l’enseigner de manière crédible … et respectueuse de l’instrument et encore moins de l’éthique envers les élèves...
En tout cas, pas tant que vous ne maîtriserez pas raisonnablement le violon et l’expression de vos émotions par son intermédiaire.
La posture serait en fait … une imposture !
En réalité, pour enseigner le violon, il vous faudra d’abord « être » violoniste, et peu importe que ce soit du classique, du jazz ou même du rock ou de la variété. Vous devrez « être » , avant de vous former à la pédagogie et incarner ce qu’est un violoniste, pour former des élèves à le devenir en leur transmettant votre posture.
Il n’est pas nécessaire d’être finaliste du concours Reine Elisabeth, mais il est nécessaire de ne faire qu’un avec l’instrument.
Il en va de même (ou il devrait en aller de même) pour la méditation de présence attentive, dite de pleine conscience.
Et comme celle-ci implique prioritairement l’humilité et l’authenticité, l’orgueil de vouloir enseigner précocement une pratique méditative que l’on ne maîtrise pas encore, est incohérent – voire antinomique - avec ce qui devra être enseigné et incarné. Et ceci relève de votre responsabilité.
Mais peut-être vous dites-vous que c’est la responsabilité des formateurs de vous dire si vous êtes prêts ou pas ? Et bien, c’est ce que je fais ici en vous confrontant par ailleurs à votre responsabilité individuelle.
Aussi, avant de vous laisser emporter par votre enthousiasme, voici ce qui (me) semble pertinent - comme réflexion et conditions - avant d’envisager un cursus d’enseignement (voir plus bas)
Ne pas avoir envie d’enseigner avant de :
A partir de ce qui précède … voici les bonnes nouvelles 😊
Les cursus de formation d’instructeur de mindfulness ne sont pas très nombreux, mais plusieurs sont bien structurés, et de bonne qualité, en Belgique.
Les deux premiers sont des certificats universitaires :
A l’ULB un CU MBSR (Certificat d'Université à la Pleine conscience - Mindfulness - ULB) est organisé tous les deux ans, et porte sur deux années académiques. Les candidatures se font sur dossier, et les prérequis sont peu ou prou ce qui est avancé plus haut, et notamment :
La formation se fait sous forme de modules résidentiels de 3 à 7 jours, étalés sur deux années académiques, entre lesquels une pratique personnelle doit impérativement être pérennisée.
Le programme totalise 235 H de présence + le travail personnel. Il faut noter que 100% de présence aux modules résidentiels est exigé.
Le budget est de l'ordre de 2.100€ par année académique, + les hébergements et repas (+- 500€).
Des bourses sont disponibles sur dossier, et il y a l’accréditation pour les médecins (s’adresser à l’ULB à ce sujet). La formation se conclut par la réalisation et dépôt d’un TFE qui devra être évalué et validé avant certification.
A l’UCL, un CU MBCT (Certificat d'université d'intervention psychologique par la Pleine conscience (MBCT) - UCL) est organisé, et est réservé aux psychologues cliniciens et psychiatres (ou médecins en formation de psychiatrie), car le protocole MBCT est avant tout un protocole thérapeutique de prévention de la rechute dépressive. La formation est beaucoup moins longue, et donc moins « profonde » que celle de l’ULB et aborde bien davantage les aspects thérapeutiques de la PC que ses fondements MBSR. Cette formation semble moins adéquate pour animer des groupes nombreux, composés d’un public hétérogène.
Les prérequis :
Le programme totalise +/- 40 heures en résidentiel + de la supervision. Le budget est de l’ordre de 1.500 € Un autre CU, destiné à enseigner aux enfants et ados, également à l’UCL y est également présenté.
Il se déroule en 4 modules de 2 jours + une journée, soit + 50 heures pour un budget de l’ordre de 1.800 €
La formation se conclut par la réalisation et dépôt d’un TFE qui devra être évalué et validé avant certification.