Les notions de peur, de danger, de risque, de prudence, de témérité, d’inconscience, de bravoure, de couardise, de stupidité, etc. s’interpénètrent, se conjuguent, s’associent, s’opposent … à l’aune de la conviction de chacun d’avoir raison. Je vous propose un regard alternatif et aussi objectif que possible, qui – à défaut de consensus – fait appel à la lucidité et au bon sens.
Commençons par une petite formule mathématique qui souffre peu de contestation possible :
Risque = Danger X Exposition
Ceci repose sur une idée assez simple : rien n’est dangereux si on n’y est pas exposé et c’est donc la combinaison du danger et de l’exposition à celui-ci qui représente le risque.
Cette petite opération mathématique présente un biais de calcul : la peur induite par le danger.
Cette peur modifie évidemment le degré d’exposition que l’on sera disposé à accepter. Nous allons d’ailleurs traduire la chose par des paroles telles que « Tu es fou de t’exposer ainsi » ou « tu es bien courageux d’oser t’exposer ainsi ».
Nous allons donc le plus souvent moduler notre degré d’exposition, non pas en fonction de l'évaluation du risque, mais en fonction de la peur du danger.
Or, nombre de nos peurs sont ataviques, et nos peurs ancestrales qui ont permis à nos ancêtres de survivre (bêtes sauvages, poison, épidémie, enfermement, bannissement ...) à des dangers réels, sont devenues injustifiées, face à ces dangers devenus rares ou presque inexistants dans nos sociétés modernes.
Nous sommes toutefois alors face à un autre biais, qui est le biais de confirmation. Celui-ci nous amène à ne voir que les éléments qui semblent valider notre peur, et nier les éléments – aussi objectifs soient-ils – qui l’invalident ou la ridiculisent.
Nous ne verrons que les facteurs qui vont dans le sens de notre peur, de manière à justifier notre refus d’exposition.
Accessoirement, ces mécanismes simples sont des outils de manipulation de masse fréquemment utilisés pour vendre ou obtenir quelque chose. Une fois conscients de ce mécanisme, il devient (un peu) plus aisé de déceler les facteurs qui viennent altérer notre perception du risque - c’est-à-dire notre lucidité - soit en exagérant l’intensité du danger, soit l’intensité de l’exposition.