La défiance fait que l'on ne se fie qu'avec précaution.

Le défiant craint naturellement d'être trompé et n'accepte les vérités qu'enrobées d'un doute susceptible de les remettre en question.

 

La méfiance incite, elle, à ne se fier à rien.

Le méfiant croit systématiquement qu'il sera trompé et soupçonne derrière tout ce qui lui est dit ou montré une intention malveillante.

 

La première attitude est le creuset de la démarche scientifique.

La seconde posture prépare le terrain aux dérives de la pensée paranoïaque.

 

Le défiant met au défi toute vérité, en ce compris celles auxquelles il est tenté d'adhérer spontanément, d'être validée en vérifiant les hypothèses sur lesquelles elle repose.

Le méfiant, au contraire, soupçonnant les autres de vouloir le tromper, érige sa propre hypothèse comme une forteresse amenée à repousser les assauts de tout ce qui pourrait la contredire.

 

L'homme est à priori un animal devenu crédule. La défiance et la méfiance font pourtant partie de son patrimoine parce qu'à l'état sauvage il ne survivrait pas à son aveuglement sans être attentif à ce qui pourrait le menacer.

 

Ceux qui aiment la nature savent que la vie sauvage ne résiste pas aux visions angéliques qui prétendent que le monde sauvage n'est fait que de bonté et de bienveillance mutuelle...

C'est pour cela que la défiance, dans la nature plus encore que dans la culture qui lui a donné sa forme civilisée, fait naturellement partie du patrimoine de l'humanité de chacun mais c'est pour cela également qu'il faut toujours veiller à éviter de la laisser dériver vers les territoires de la méfiance qui suggère de vivre en permanence dans un état de vigilance exacerbée qui donne l'impression de se trouver dans un état de guerre...

 

La méfiance, en faisant systématiquement de l'homme un loup pour l'homme, se rend le monde invivable parce que celui-ci ne serait jamais plus pour lui qu'une source de complots et d'intrigues menées par des "autres" qui nous veulent du mal...