Bien sûr, et comme souvent, la citation peut sembler lapidaire ! Lire le texte entier est nécessaire à une réelle compréhension
Si le monde nous parait médiocre, il faut sans doute d’abord s’en prendre au regard que l’on porte sur lui en s’attachant à modifier la façon dont on voit les choses plutôt qu’en s’acharnant à changer les choses elles-mêmes...
C’est pour cela que la contemplation des choses insignifiantes, anodines et ordinaires aide souvent davantage à concevoir le bonheur d’exister que l’admiration que l‘on éprouve envers les oeuvres extraordinaires, les paysages hors-normes et les spectacles réputés fascinants.
Un quartier de gare désuet, un lit fané, une fenêtre grande ouverte comme des yeux qui regardent des vies qui vont et viennent en maculant le paysage de leur dérisoire manière de l’habiter...
La médiocrité assumée de certaines zones urbaines non touristiques me repose souvent davantage que le prestige d’un certain nombre de vues considérées comme imprenables de sites prétendus incontournables et je vois souvent dans les premiers des éclats de poésie qui me semblent manquer aux seconds...
J’éprouve d’ailleurs le même sentiment avec les gens chaque fois que les moments de silence partagés avec des gens “ordinaires” apportent davantage à mon bonheur d’exister que la fréquentation de ceux qui se considèrent comme de beaux esprits mais dont la conversation aussi plate qu’un trottoir, aussi terne que soucieuse de briller et tellement boursouflée qu’elle finit par étouffer complètement le silence qu’elle ne vaut pas, me fait vite regretter de m’être laissé pris au piège de leurs faux-semblants.
Ni Alceste, ni Philinte, j’aime bien trop les gens pour me prétendre misanthrope mais je fuis sans doute aussi bien trop les usages de mon temps de ceux qui se prétendent distingués pour me sentir à l’aise parmi ceux qui cherchent à se faire valoir à travers cette forme de civilité rehaussée d’urbanité que l’on appelle la mondanité...
Bruno Humbeeck