
La pleine conscience se prétend laïque… mais est-ce toujours le cas ?
Ce présupposé de laïcité de la mindfulness est en effet très souvent répété et semble « aller de soi » , tant personne ne s’intéresse à ce dont il s’agit réellement.
Mais est-ce réellement le cas ?
Pourtant- de mon point de vue – la laïcité est, ou devrait être, fondamentalement inhérente à l’enseignement de la mindfulness. Et ceci d’une manière allant bien au-delà de la simple séparation « laïcité vs religion ».
On peut (doit ?) dès lors se poser la question du sens que l’on donne au mot laïcité, et particulièrement dans l’enseignement de la pleine conscience.
Une des intentions de cette pratique méditative est en effet de rendre les pratiquants davantage capables de réguler leurs émotions , de mieux gérer leur propre libre arbitre, de prendre et assumer leurs propres responsabilités, leurs propres choix, bref à réduire ce stress permanent qu’induit la crainte de ne pas faire, de dire ou penser « ce qu’il conviendrait de faire, de dire ou de penser » .
Et ceci le plus souvent en fonction d’un dogme, d’une doctrine ou d’un simple courant de pensée « politiquement correct » à un endroit et une époque… ou induit par un représentant du « bien » qui milite pour sa propre vision de celui-ci.
L’instructeur ou instructrice peut-il/elle légitimement représenter une vision dogmatique de ce qu’il convient de penser, dire ou faire ?
Et peu importe que cette manière de penser soit bienveillante ou non, car la question de la liberté de pensée ne saurait être corrélée à une vision préformatée de cette liberté.
Vu sous cet angle, il me semble que le terme « laïcité » concerne aussi bien les convictions – mêmes philosophiques – de l’instructeur/trice , que n’importe quel dogme ou courant idéologique, avec lequel il serait (ou ne serait pas) d’accord.
La chose n’est pas simple pour l’instructeur/trice, car lorsque nous sommes convaincus que notre propre position est « bonne », il devient difficile de ne pas tenter d’y amener les autres, même inconsciemment.
Les notions de bien et de mal ne sont pas figées, et fort heureusement elles ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
Cependant, comment transmettre à quelqu’un le « comment » assumer des opinions qui s’avéreront parfois diamétralement opposées à celles de l'instructeur ? Comment transmettre la capacité à se positionner de manière éventuellement dans le camp opposé à sa propre perception du bien et du mal ?
Un ami m’a un jour dit cette phrase de la vignette : « L’instructeur de pleine conscience est censé transmettre l’excellence d’être soi, et non l’excellence d’être lui ».
La liberté – y compris celles de pensée et d’expression – n’a pas de prix, mais elle a un coût, et ce coût est parfois celui du conflit, voire du combat.
Il convient alors d’avoir l’humilité d’accepter que nous puissions souvent nous tromper, et parfois mener des combats qui ne sont justes que de notre point de vue …
La liberté a un corollaire inéluctable : la responsabilité individuelle.