Il convient de prendre également le contre-pied de la citation, en disant « Il ne suffit pas de faire dissidence pour avoir raison ».
La réalité se trouve assez systématiquement entre les deux, et ce sont les faits – et non les pensées – qui devraient guider notre réflexion.
Comme d’habitude, mon commentaire d’une vignette utilise le contexte actuel, c’est-à-dire « le temps présent ».
Dans les situations difficiles, nous avons tendance à vouloir réduire l’ambiguïté qui s’est développée parce que notre perception des choses présente deux (ou plus) possibilités hypothétiques … alors que nous ne pouvons en adopter qu’une.
Nous tentons alors de créer une cohérence qui permet de sortir de cette ambigüité (et donc incertitude) pour nous stabiliser.
La pleine conscience nous apprend à cohabiter paisiblement avec l’incertitude, mais cela reste assez inconfortable dans les situations intenses.
Par exemple, les « conséquences possibles » de nos comportements au cours de la crise – jamais indiscutablement validées – nous amènent ainsi à attribuer anticipativement les possibles conséquences bénéfiques à nos choix, et les possibles conséquences négatives aux choix des autres.
Nous cherchons à nous convaincre d’avoir choisi la bonne hypothèse, et cédons au biais cognitif dit « de confirmation » : nous ne voyons plus que ce qui vient valider notre choix et ignorons les faits allant à leur encontre., Nous cédons en outre souvent à un autre biais, qui est celui de la conformité, qui nous incite à penser que plus nous sommes nombreux à penser d’une certaine manière, plus est grande la probabilité d’avoir raison.
Nous confondons nos opinions et nos croyances avec des faits.
Ce qui nous amène à faire le prosélytisme de nos croyances ou choix, parce que nous confondons ceux-ci avec les faits… et à renforcer à nouveau nos croyances par les propos prosélytes de ceux qui pensent comme nous.
Plus nos certitudes se raffermissent, plus nous créons un fossé avec ceux qui ne sont pas de notre avis … en entraînant ainsi les « tièdes » dans nos peurs ou nos révoltes.
Le communautarisme est installé, le radicalisme d’opinion prend forme, et qui n’y adhère pas totalement devient un ennemi ou un fou.
La lucidité consiste, dès que l'on a conscience de ce qui précède, de revenir à une vision non biaisée (ou moins) par tout ce qui précède. Ceci fait d'ailleurs l'objet des cycles d'approfondissement consacrés à la lucidité.
Souvenons-nous de la séance 6 : LES PENSEES NE SONT PAS DES FAITS !